quitter son patelin

Quitter son patelin pour aller vivre dans la grande ville

Quand on vit en région et qu’on veut étudier, tôt ou tard il devient obligatoire de quitter son village natal pour aller s’installer dans une ville universitaire. Après deux ans de cégep en art et lettre à vivre encore chez mes parents, j’ai moi-même dû passer à travers ce processus. Le 15 août 2015, j’ai ramassé mes dernières affaires et je suis partie de mon petit patelin beauceron pour aller m’établir à Montréal.

Je ne te mentirai pas, ce n’est pas quelque chose de facile que de quitter son patelin. C’est tous plein d’adaptations qu’il faut vivre toutes en même temps. D’abord, il faut apprendre à être indépendant. Ce que je veux dire par là, c’est de s’adapter à la vie d’appartement et aussi souvent, de collocation. Pour ça, je l’ai eu relativement facile parce que j’habite avec mon frère. Par contre, pour la vie d’appartement, ça a été bien différent. Il faut réussir à dealer avec le lavage, le ménage, se faire à manger, faire l’épicerie, et j’en passe! C’est un gros changement de commencer à payer tout soi-même aussi; il faut apprendre à gérer un budget. Donc, il faut apprendre à jongler avec étude, travail, vie sociale, etc. (J’ai peut-être ou pas fait un mental breakdown…)

Une autre grosse adaptation : les transports en commun. C’est pas un secret, en région, il est absolument nécessaire d’avoir une auto pour se déplacer. À Montréal, oublie ça avoir une auto! C’est vraiment déstabilisant au début de ne pas avoir le plein contrôle sur le temps que ça va te prendre pour te rendre du point A au point B. Avec la STM, tout peut arriver : une panne dans le métro, un autobus qui ne se pointe pas… Et c’est encore pire la nuit! Il faut prévoir d’avance comment revenir chez soi après une heure du matin si on ne veut pas rester pris chez la personne!

Le plus dur pour moi, ça a vraiment été de perdre mes repères. Quand je suis arrivée dans la métropole, je ne connaissais pratiquement personne alors que dans mon bout du Québec, tout le monde se connait de près ou de loin. Ma première journée au cégep a été assez difficile à cause de ça, mais après coup, je me suis rendue compte que j’étais loin d’être la seule dans cette situation-là. D’un autre côté, perdre ses repères, c’est pas juste perdre ses amis, c’est aussi ne pas savoir où sortir, où aller manger, où aller chiller. Dans mon coin, il y a juste deux bars, donc c’est assez facile de savoir où sont les gens tsé!

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Autre fait cocasse, quand on vient de la région, oh my god qu’on parle pas la même langue! Ça m’est arrivé plusieurs fois dans les premiers mois de parler avec quelqu’un et que tout d’un coup, un petit sourire apparaisse dans sa face parce que j’ai dit quelque chose d’une drôle de façon (par exemple, dire LA bus). Tu deviens aussi un peu comme un animal de foire quand tu te mets à parler à fond avec ton accent. Ça et quand tu essaies d’expliquer où ton village est situé (a.k.a. à l’autre bout du monde).

Après bientôt deux ans en dehors de mon patelin qui m’a vu naitre, il faut dire que je me suis bien adaptée à la ville. Sincèrement, je préfère de loin l’énergie qui se dégage de Montréal que le petit manque de diversité de mon coin d’origine. C’est sur que tu sortiras jamais la Beauce de la fille et c’est clair que je reste fière de mes origines, mais je dirais que ma vie est maintenant ici. Par contre, je ne manque pas une occasion d’aller me ressourcer dans les champs et les bois de la Beauce.