Crédit photo Elsa Konig

Un mécanisme bien ancré

Cela demande une certaine maîtrise dans l’art de faire tout ce qui habituellement nous ennuie à mourir mais qui, soudainement, devant la montagne que nous devons gravir, semble devenir LA chose à faire pour survivre. « Tiens donc, je vais laver le four à la brosse à dents, j’enverrai mon CV plus tard » ou encore « Et si je regardais l’intégralité des saisons de Friends sur Netflix? Je m’occuperai des factures demain ». Vous voyez le genre… A chacun nos montagnes à gravir, à chacun nos moyens de les éviter!
Les causes de la procrastination font toujours l’objet de recherches diverses et variées, un mécanisme qui est donc assez flou encore, mais qui aurait une connexion avec la faible estime de soi, le manque de confiance en ses capacités, l’angoisse, l’impuissance apprise, l’impulsivité, les peurs inavouées. Elle pourrait trouver racine dans un manque d’apprentissage de maîtrise de soi et de ses désirs. Avec le temps, elle se transforme en défensive d’auto-sabotage, d’autopunition pour ne pas se réaliser et éviter de prendre en main la responsabilité de ses besoins, de ses aspirations.

Son piège : douter de soi

Elle peut avoir des impacts négatifs, plus ou moins évidents, sur notre vie professionnelle ou privée. Les conséquences les plus subtiles mais les plus nocives sont celles que nous nous faisons subir. Si je vous parle de culpabilité de ne pas faire ce que vous devez faire, de mise sous pression, de « tapage sur la tête », de petite boule au ventre qui goûte amer et gangrène la confiance… ça vous sonne une cloche? À la longue, cela égratigne l’estime de soi, nous nous convainquons que nous sommes incapables, paresseux, incompétents… Nous nous faisons vivre l’enfer et devenons notre propre bourreau. Tout seul. Nous nous mettons la pression par peur du jugement des autres, de recevoir des critiques de ne pas respecter nos engagements, mais finalement notre juge intérieur est bien plus sévère, plus subtile et insidieux, mais surtout pervers. L’énergie est présente, mais plutôt que de la mettre au service de nos réalisations, nous la retournons contre nous.

Quelques pistes pour faire autrement…

Cela prend du temps et de l’humilité de se créer des habitudes plus saines que la procrastination, des étapes et une forme de discipline pour apprendre à faire autrement. Mais ce n’est pas impossible!

Cherchez de l’aide

Si vous constatez tout d’abord que cela devient un réel handicap dans votre façon de gérer votre quotidien, n’hésitez pas à chercher du support auprès d’un professionnel de la relation d’aide (thérapeute en relation d’aide, psychothérapeute ou psychologue). Il est important de saisir que la procrastination chronique peut masquer une dépression : à force de remettre tout au lendemain, on perd l’envie de faire et, peu à peu, on se perd en route.

Parlez-en

Parlez à des gens de confiance, famille, amis, collègues, demandez-leur de vous accompagner dans ce processus et pourquoi ne pas fixer ensemble des rendez-vous pour rentrer dans vos objectifs de manière échelonnée, pour que la montagne insurmontable en solo devienne une colline à franchir à 2 et plus.

Fragmentez le travail

Si possible, essayer de voir si plusieurs étapes se dégagent dans la réalisation afin de pouvoir fractionner le travail et vous créer un échéancier réaliste, en vous fixant des objectifs clairs. Gober un gros plat de lasagnes en une fois est effrayant! Le savourer bouchée après bouchée est délicieux…

Apprenez à vous discipliner

Trouvez une discipline qui vous ressemble, pas imposée par l’extérieur. Si vous avez le goût d’aller marcher toutes les 30mn, de faire des pauses régulières pour boire un thé, de faire des push up ou d’écouter la musique, peu importe, faites-le si ça vous fait du bien! Il peut être intéressant de se créer une routine à votre image, dans laquelle vous avez envie de prendre soin de vous et de vos projets. Alterner travail et plaisir, c’est tellement plus motivant!

Sécurisez-vous

Parfois, quand nous avons des objectifs flous, peu précis, cela ne nous incite pas à agir. L’insécurité prend le dessus, la peur de ne pas être à la hauteur lui emboîte le pas et voilà la voie royale toute tracée pour Madame Procrastination. Demandez à vous faire encadrer dans votre démarche, un chemin balisé est toujours plus rassurant pour avancer.

Observez-vous

Développer la conscience de vos résistances, de vos obstacles intérieurs, vous surprendre la main dans le sac en train de procrastiner, cela permet de prendre du recul, d’arrêter de se mentir et de s’avouer bien honnêtement « Oups! I did it again »! Ça peut être LA prise de conscience qui vous fera amorcer un changement véritable.

Se taper sur la tête ne change rien, bien au contraire

Faites de Bienveillance et Indulgence vos nouvelles alliées : ce n’est pas pour rien que les blocages s’installent. Il y a des peurs qui se cachent sous la procrastination et elles méritent donc d’être accompagnées et entendues. Une peur exprimée et rassurée n’est plus un obstacle, elle fait place à la volonté d’agir. Une étape à la fois!

Nourrissez-vous de reconnaissance!

La reconnaissance, quel ingrédient fondamental pour encourager les initiatives et se récompenser! Reconnaissez les efforts que vous avez fournis, même les plus petits, ne négligez rien de ce que vous avez entrepris pour passer à l’action. Chaque pierre compte pour construire un édifice, même celle qui est invisible à l’œil nu. Soyez fiers de vous, gâtez-vous et laissez rentrer peu à peu l’amour de vous!

Si cela peut vous rassurer, sachez que vous n’êtes pas seul à vivre avec et que c’est un phénomène reconnu à l’échelle mondiale : le 25 mars est la journée internationale de la procrastination!
Le défi est d’en profiter le jour-même et de ne pas remettre la fête à « plus tard »! ;)

Et vous, quelle est votre façon de procrastiner et de l’éviter?