Imaginez que vous êtes un pays, oui oui, à vous tout seul.

Vous avez votre territoire physique, défini par votre corps, votre patrimoine culturel et historique, votre langue, vos propres lois, votre éthique et vos valeurs qui forment votre constitution morale, votre réseau de relations internationales avec votre famille, vos amis, vos collègues et toute personne avec laquelle vous entrez en contact de manière plus ou moins intime.

Votre climat, ce serait vos émotions, changeantes, tempérées, arides ou tropicales, mouvementées ou calmes. Le relief? Et bien pourquoi pas vos traits de personnalité, qualités ou défauts, selon ce que vous aimez ou non de vous. Vous seuls êtes maîtres des lieux, prophètes en votre pays, et vous seuls avez donc la responsabilité de l’orientation de votre politique intérieure. Vous êtes responsables de vos actes, de vos choix et de leurs conséquences, de votre capacité à être libres et heureux. Vous détenez également votre part de responsabilité dans les problématiques internationales, puisque votre comportement, vos faits, gestes et paroles auront un impact sur votre environnement, humain ou non.

Vous vous visualisez bien maintenant? Ajoutons aussi que chaque pays possède ses propres ressources naturelles, ses points forts ou d’attraction, ses points plus fragiles aussi, selon son histoire et les blessures laissées par celle-ci. Vous êtes un pays unique, légitime de par le simple fait d’exister, riche de par sa différence et son expérience.
Envisager les relations humaines comme de la politique internationale est un angle d’approche intéressant pour comprendre ce qui est en jeu quand deux êtres humains interagissent et comment arriver à développer l’art de la diplomatie.
Être en relation avec autrui, c’est confronter toutes les valeurs de son pays avec celles d’un pays voisin, nuancées par l’histoire de l’un et de l’autre. Cela demande donc de prendre le temps d’expliquer nos codes, nos réactions et nos règles de vie afin de permettre à l’autre de mieux nous comprendre, de faciliter l’échange en trouvant un mode de communication qui convienne aux deux, sans pour autant oublier complètement nos frontières, nos limites et nos besoins, pour conserver notre propre bien-être intérieur. Dans nos relations au quotidien, nous oublions rapidement cette étape d’explication aux allures de guide touristique et prenons souvent pour acquis que L’AUTRE doit penser comme nous, que c’est lui qui n’est pas « correct » ou « adapté » s’il agit différemment, qu’il est forcément celui qui dérange notre paisible climat intérieur. Il est l’envahisseur, l’étranger, l’extraterrestre, celui qui n’est pas comme nous. Évidemment qu’il n’est pas comme nous, nous sommes tous uniques! Le monde est donc rempli d’étrangers, d’envahisseurs, et pas nécessairement venant d’une autre planète. Nous sommes chacun l’étranger de l’autre.
C’est ce qui est merveilleux dans les rapports humains, aussi délicats soient-ils parfois à gérer. C’est une mine de différences, de richesses toutes plus exotiques les unes que les autres qui se confrontent! Ce qui peut aider à accommoder les différences entre elles, c’est d’expliquer simplement ce que nous pensons, comment nous fonctionnons, ce qui est important pour nous, comment nous envisageons les choses. Mais la plupart du temps, nous ne le faisons pas, beaucoup par peur d’être jugé différent ou jugé tout court, par peur de ne pas recevoir l’approbation des autres, par peur de vivre du rejet de leur part, d’être seul. Il faut même avouer que nous n’avons pratiquement jamais conscience de ces peurs et qu’ainsi elles s’emparent du contrôle de notre climat puis de notre politique internationale à notre insu, biaisant de manière significative nos relations. C’est le cas de la plupart de nos émotions (peur, colère, joie, peine, déception…) : nous sommes souvent les premiers à les ignorer, ce qui nous empêche donc de les assumer devant nos proches.

Mais le problème majeur de ne pas oser dire ce que nous vivons est l’envahissement de notre territoire, physique, psychique, émotionnel, par ceux qui ne savent pas clairement où se situent nos frontières. Ils envahissent par ignorance, par insécurité aussi pour essayer d’entrer en contact avec nous, maladroitement. La réaction à l’envahissement est souvent la colère, la défensive, le rejet, pour protéger notre espace intérieur, survivre à l’assaut extérieur et opter pour un repli stratégique salutaire. C’est ce qui se passe quand nous entrons en conflit avec autrui : nous faisons valoir notre droit d’exister, notre droit à la différence, la protection de notre territoire pour ne pas finir englouti, fusionné sous une bannière voisine.
Nous avons tout à gagner à dire ce que nous vivons, le plus possible, pour faire respecter nos limites et nos besoins, ainsi pour maintenir des relations saines. Pas si simple me direz-vous? Bien sûr que si, c’est là notre unique pouvoir à chaque instant, mais cela demande d’afficher clairement sa politique, sa vulnérabilité, de faire ses choix et par ce fait même, d’assumer sa différence, son unicité, de se démarquer. Cela demande de renoncer aussi, parfois d’accepter de perdre, de se confronter à l’échec ou à l’impuissance. Plus nous le faisons, au quotidien, plus cela devient facile de rendre nos frontières visibles : soit infranchissables (je ne veux pas), soit avec accès réglementé (j’aimerais ça, mais à condition que), soit en libre circulation (avec plaisir!). Et ainsi, chacun sait à chaque moment où se situe l’autre, ce qui pour sûr laisse le champ libre au respect de la différence, à la liberté individuelle, à la paix et au bonheur d’être ensemble.
Et vous, quel est votre chemin vers la paix dans votre pays et dans vos relations internationales?


La spécialité de Marie-Fanny est indéniablement l’être humain et le développement personnel. C’est la quête de soi, de sens, la recherche inlassable du bonheur et l’envie de semer des pistes pour que chacun trouve son propre chemin qui l’anime depuis de nombreuses…

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