Les types de boxeurs
« Chaque fois qu’il [George Foreman] me frappait, j’avais l’impression que mes dents venaient d’éclater dans ma bouche comme du maïs soufflé. » -Evander Holyfield
L’ABC du «noble art» : premier volet
Pour plusieurs, le pugilat, communément appelé la boxe, est un sport violent et barbare qui n’a pas sa place dans une société «civilisée». Pour d’autres, la boxe est synonyme d’acharnement, de sacrifices, d’opportunités et d’espoir de vivre un jour le « rêve américain » et de laisser ainsi sa marque dans l’histoire. Pour ces mêmes adeptes et d’autres, la boxe est également une science, et non un simple sport de sang et de sensationnalisme. La science derrière le noble art est simple : frapper son adversaire et éviter d’être frappé. Ce concept peut sembler à première vue simpliste, mais croyez-moi, c’est plus complexe que cela en a l’air. Pour le fin connaisseur, et fan érudit et irréductible de boxe, bien qu’il sache apprécier une guerre de tranchée et un bon KO au même titre que l’amateur «amateur», il se plaît tout autant à admirer les subtilités du sport telles qu’un jeu de pied à la Michael Jackson, une utilisation minutieuse et quasi-artistique du jab tel un peintre et son pinceau, la mesure et le contrôle de la distance tel un architecte, un timing impeccable tel un chronométreur de F-1 et enfin, il sait reconnaître et apprécier une bonne défensive, ce qui demeure un vrai mystère, au même titre que le secret de la Caramilk, pour tous les détracteurs de la boxe ainsi que l’amateur « amateur ». Afin de pouvoir élucider et comprendre les subtilités de ce sport qui a laissé ses premières traces aussi loin qu’à l’époque de l’Égypte antique par le biais de hiéroglyphes, pour ensuite être popularisé en Grèce Antique comme sport olympique lors des toutes premières olympiades, je ferai un survol détaillé des divers styles de boxe afin de vous aider à mieux comprendre ce sport qui existe non-officiellement depuis l’aube des temps.
Le Boxeur puriste/classique/traditionnel
Le boxeur puriste est l’exemple typique et la représentation la plus fidèle de son sport. Il est d’abord et avant tout, un technicien et un fin stratège. Pour opérer allégrement et à son aise, il doit demeurer à distance et garder ainsi son adversaire loin de lui. Il préfère travailler dans la grâce, la finesse et la précision, de travailler ainsi son adversaire à l’usure, et/ou de le piéger gracieuseté d’un «appât» qu’il aura pris le soin de préparer. Par conséquent, le boxeur classique possède d’ordre général un bon jeu de pied, une bonne coordination, le sens du rythme ainsi qu’une bonne rapidité d’exécution. Il possède également des qualités défensives respectables quoiqu’il préfère largement utiliser ses habilités offensives plutôt que défensives. Parce qu’il préfère travailler à distance et parce qu’il préfère œuvrer dans la finesse et la précision, et travailler ainsi son adversaire à l’usure, le boxeur puriste est généralement plus grand et plus svelte que son adversaire et il a également une bonne endurance (au sens ici de capacité cardiovasculaire). Le boxeur traditionnel ne se surprend donc pas à se rendre à la limite, et son orgueil n’a aucun problème à l’emporter par décision des juges plutôt que par KO ou KO technique.
Puisque le boxeur classique se voit d’abord et avant tout comme un artiste, sans dire qu’il ne possède aucune puissance (ce qui serait faux), la puissance ne demeure cependant pas sa qualité première, ni sa principale préoccupation. De plus, s’il possède une bonne endurance cardiovasculaire, il ne possède toutefois pas la meilleure durabilité (au sens ici de capacité d’absorber les coups). Il existe ici toujours des exceptions, telles que Muhammad Ali qui possédait un véritable menton en acier pour un boxeur dit classique. Enfin, s’il est à son mieux lorsqu’il est à distance, il est à son pire lorsqu’il est proche de son adversaire et c’est pourquoi le bagarreur à pression est son ennemi juré.
Ex : Muhammad Ali, Sugar Ray Robinson, Larry Holmes
Le bagarreur à pression
Tel que son nom l’indique, le bagarreur à pression est une véritable sangsue et tente constamment d’étouffer vos attaques et contre-attaques en vous pressant sans cesse. Même s’il possède certaines qualités techniques autant offensives que défensives, le bagarreur à pression joue généralement moins dans la finesse et la grâce que le boxeur classique. Il est à son mieux lorsqu’il est à moyenne et surtout à courte distance. C’est pourquoi, d’ordre général il est plus court et plus trapu que le boxeur classique et donc généralement plus fort physiquement et plus puissant que ce dernier. Si le boxeur puriste utilise davantage des coups en ligne droite tels que le direct avant (jab) et le direct arrière (rear straight right hand) ou le cross, le bagarreur tentera au contraire de déborder à la gauche ou à la droite de son adversaire pour tenter d’éviter ainsi toute attaque initiale ou contre-attaque provenant de la ligne centrale (en ligne droite); ou encore, il rentrera le plus vite possible en ligne droite pour éviter de trop s’en prendre. Une fois qu’il aura réussi à sortir de la ligne d’attaque et/ou qu’il sera à distance, il en profitera pendant qu’il est temporairement hors d’atteinte pour ouvrir un barrage de coups provenant de divers angles extérieurs. Ses armes de prédilection sont les crochets, les overhands et les uppercuts puisqu’ils sont d’une part principalement des coups lancés à moyenne et courte distance et d’une autre, ils sont des coups circulaires pouvant être lancés sans avertissement et pouvant ainsi contourner la garde du boxeur classique. Puisqu’il est généralement plus petit que ses adversaires, le bagarreur à pression adore attaquer au corps et il sait qu’un bon coup au foie ou au sternum mettra fin aux émissions de façon tout aussi, sinon plus efficace, qu’un bon coup porté à la tête. L’avantage d’attaquer au corps selon ses dires, c’est que la tête peut esquiver les coups, mais le corps non. « Tue le corps et la tête mourra » a déjà confié l’ex-champion du monde smokin’ Joe Frazier. Enfin, puisque sa stratégie principale est basée sur l’attaque sans relâche et un volume élevé de coups lancés dans le but de déborder et/ou d’épuiser son adversaire, le bagarreur à pression mise sur une bonne rapidité, une condition physique (endurance) exceptionnelle, et ainsi qu’une durabilité très respectable (il n’a pas vraiment le choix s’il est pour être constamment à proximité de son adversaire).
Puisqu’il est à priori désavantagé par la grandeur et la portée, le bagarreur à pression devient par conséquent sujet à se faire bombarder alors qu’il tente de combler la distance. Le bagarreur à pression malgré sa défensive respectable, se sacrifie donc beaucoup en se faisant punir lors de chaque assaut (d’où l’importance d’être rapide, endurant et durable). De plus le bagarreur à pression mise généralement moins sur son intelligence du ring, et davantage sur ses habilités et aptitudes physiques telles que la rapidité, l’endurance et la durabilité, qui tendent à disparaître rapidement (pour ne pas dire en premier) après un certain âge. C’est donc pour toutes ces raisons que d’ordre général, les bagarreurs à pression ont des carrières plus courtes que les autres styles de boxe.
Ex : Joe Frazier, Miguel Cotto, Julio Cesar Chavez, Jose Luis Castillo
Le cogneur
Le cogneur est l’ennemi juré du boxeur à pression mais en revanche, le boxeur traditionnel constitue sa bête noire. On retrouve davantage ce style dans les catégories plus lourdes (mi-lourds, cruiserweight, poids lourds) Si le boxeur traditionnel œuvre dans la finesse, la grâce et préfère appliquer les subtilités et la science du noble art, il en est tout le contraire pour le cogneur. Pour le cogneur, au diable la dentelle, la finesse, la grâce, les notions de timing, ou toute autre subtilité ou notion scientifique. Pour lui, ce qui importe, c’est de se rendre du point A au point B en causant le plus de dommage possible. En autant que son coup atteigne son adversaire sans même avoir atteint la cible visée, c’est de très bonnes nouvelles pour lui, et de très mauvaises pour celui qui aura le malheur d’être à portée, car le cogneur frappe fort, et il fait mal en « Motrin ». La puissance est donc l’atout premier du cogneur et si le jab est moins utilisé par le bagarreur à pression que par le boxeur classique, il l’est encore moins pour le cogneur. Son but premier est d’en finir le plus rapidement possible, vite fait, bien fait. Donc, puisque le jab est considéré comme un coup technique n’entrant pas dans la catégorie des coups en puissance, il représente pour le cogneur davantage une « décoration de Noël » qu’autre chose. Le cogneur est par conséquent souvent plus grand que son adversaire et surtout, presque toujours plus gros. La stratégie du cogneur (si l’on peut appeler ça ainsi) repose donc sur sa taille intimidante et sa force brute. Puisque sa puissance constitue sa meilleure carte à jouer, son but est de vous démolir le plus rapidement possible, avec le moins de coups possible. Sa philosophie, tout comme pour le bagarreur à pression, est qu’une bonne attaque constitue la meilleure des défensives. S’il fait face à un boxeur puriste, il le chargera et tentera de lui passer sur le corps comme un bulldozer; s’il fait face en revanche à un bagarreur à pression (ce que le cogneur adore puisqu’il n’a pas à dépenser autant d’énergie à le poursuivre), il l’attendra patiemment de façon immobile au centre du ring pour ensuite « le cueillir » dès que le boxeur à pression sera à portée de lui. Ce n’est pas tout, puisqu’il possède un gabarit imposant, il peut également en prendre autant qu’il peut en donner, ce qui veut dire qu’il possède à la fois une mâchoire en granite et une excellente durabilité. Puisque le cogneur ne cherche pas à appliquer la science et les nuances de son sport respectif, son style rustre et brute est souvent le plus divertissant et spectaculaire, surtout pour les nouveaux initiés de la boxe.
« Chaque fois qu’il me frappait, j’avais l’impression que mes dents venaient d’éclater dans ma bouche comme du maïs soufflé. » – Evander Holyfield, à propos de son combat contre le plus dur cogneur de l’histoire de la boxe, George Foreman
Sans grande surprise, étant donné que le cogneur est généralement plus grand et plus lourd que son adversaire, il ne possède donc pas une très bonne mobilité, ni une très grande rapidité en comparaison à son adversaire, ce qui le rend prévisible et facile à contrer. Il ne possède pas non plus une très bonne endurance physique et tend ainsi à se fatiguer rapidement à mouvoir toute cette masse à pourchasser et à tenter de mettre «toute la gomme» derrière chaque coup. Son gabarit fait en sorte qu’il n’a pas beaucoup de coordination et jumelé avec son manque de vitesse, cela fait en sorte d’une part, qu’il a de la difficulté à lancer des combinaisons efficaces et fructueuses, et d’une autre, il s’expose fréquemment à de nombreuses attaques et surtout contre-attaques étant donné que sa défensive est médiocre, pour ne pas dire totalement inexistante (d’où l’importance pour lui de pouvoir bien encaisser les coups). Toutefois, ne vous laisser pas avoir par tous ces points négatifs énumérés ci-haut : le cogneur est un des boxeurs les plus redoutés peu importe le style auquel il fait face. Il aura encaissé tous ses meilleurs coups, sans jamais être tombé et pire encore, il continuera de bombarder son adversaire. Il aura perdu chaque ronde aux points pour se diriger vers une défaite par décision unanime, quand soudain : BANG! Bonsoir elle [droit/gauche] est partie, et bonsoir il est parti [à l’infirmerie].
Ex: George Foreman, David Tua, Sonny Liston
Le contre -attaquant
Le contre-attaquant provient pratiquement du même moule que le boxeur puriste à quelques nuances près, en plus de donner de sérieux maux de tête à pratiquement à tous les autres styles. Tout comme le boxeur classique, le contre-attaquant est d’abord et avant tout un technicien, voire un artiste de la boxe : il possède des d’excellentes qualités offensives, une très bonne mobilité et des mains rapides. Tout comme le boxeur classique, les subtilités et la science du noble art n’ont aucun secret pour lui et son œil de lynx fait en sorte qu’il peut déceler la moindre faille chez son adversaire et l’atteindre avec une précision chirurgicale. Ce n’est pas tout : il est également un véritable géomètre en ce qui concerne la notion de distance et son timing est comparable à une montre suisse. Finalement, tout comme le boxeur puriste, il possède une excellence intelligence du ring. Tous ces atouts réunis font de lui un fin stratège et un tacticien brillant. Bref, tout ce qui le sépare du boxeur traditionnel est justement la stratégie employée : le boxeur puriste est pro-actif et se porte donc davantage à l’attaque alors que le contre-attaquant est réactif et dépend donc de l’action (gestes) de son adversaire pour se mettre au travail et lui donner ainsi la réplique. Autrement dit, si l’adversaire ne fait rien et hésite, le contre-attaquant pur et dur ne fera rien non plus et attendra patiemment que son adversaire initie une action et se compromette. Il existe encore une fois quelques exceptions comme toute règle qui se respecte. Par conséquent, la contre-attaquant est moins prolifique que le boxeur traditionnel à utiliser le jab tout simplement parce qu’il l’utilise généralement moins. Toutefois, il utilisera beaucoup plus sa main arrière en contre-attaque comme premier coup (lead). Bref, le contre-attaquant à tendance à reculer plus que les autres styles afin de maintenir la distance désirée, et par conséquent, il avance donc moins que ces-derniers. Si le contre-attaquant est moins doué à utiliser le jab que le boxeur traditionnel, il est toutefois l’as suprême de la défensive. Il n’a pas vraiment le choix de l’être, car pour pouvoir contre-attaquer, il faut tout d’abord éviter l’attaque initiale. En incitant constamment son adversaire à faire les premiers pas et à le relancer, le contre-attaquant amène son adversaire à se fatiguer plus rapidement, alors que lui préserve son énergie en prônant un style plus économique et en ne gaspillant aucun mouvement inutilement. Cette tactique lui portera fruit dans le dernier droit du combat pour soit en finir avec son adversaire et le mettre KO, ou pour gagner les dernières rondes aux points. Puisqu’il prône un style économique, qu’il est maître de la défensive, qu’il possède de très bonnes qualités offensives et une intelligence du ring supérieure à la moyenne, le contre-attaquant est souvent un boxeur d’élite qui a généralement une longévité plus longue que la moyenne.
Le contre-attaquant est un boxeur redouté par tous, mais son style est loin d’être infaillible. Pour manœuvrer à sa guise, le contre-attaquant, tout comme son cousin le boxeur traditionnel, a besoin d’être à distance afin de pouvoir bien déployer ses coups. Donc en lui soufflant constamment dans le cou, il devient beaucoup moins et efficace. Donc la dernière chose qu’il veut, c’est se faire piéger dans les câbles ou dans un coin et d’être forcé à échanger au corps à corps où il sera susceptible de recevoir une pluie de coups du bagarreur à pression, ou une ou deux bombes lancées par le cogneur. De plus, le contre-attaquant a du mal à contrer efficacement lorsqu’on l’attaque en combinaisons en variant les cibles. Il particulièrement plus vulnérable au corps, ou si on le feinte, ce qui, ironiquement, le forcera lui à se compromettre et à exposer ainsi des failles à exploiter dans sa défensive. Enfin, si le contre-attaquant perd aux points et que son adversaire décide de lever le pied pour écouler le temps qu’il reste au combat dans le but de l’emporter par décision, le contre-attaquant sera obligé de s’aventurer en terrain potentiellement inconnu et d’attaquer. La raison est bien simple : tel que mentionné, son style dépend directement de l’action de son adversaire; or si son adversaire décide délibérément de devenir passif, il sera obligé d’emprunter un autre style pour se porter à l’attaque, le rendant ainsi plus vulnérable.
Ex: Floyd Mayweather, Bernard Hopkins, James Toney, Juan Manuel Marquez
Les styles hybrides
Comme vous l’avez sans doute deviné, les styles hybrides comportent des éléments d’au moins deux styles. En voici quelques exemples :
Le boxeur-cogneur
Il possède les qualités techniques, la finesse et la grâce du boxeur traditionnel ainsi que la puissance du cogneur. Au plan stratégique, il peut soit : demeurer à l’extérieur et utiliser ses qualités de boxe supérieures et sa force de frappe pour malmener son adversaire; ou s’il est nettement plus fort, s’il est désavantagé par l’allonge, ou si son adversaire tente de le fuir, il tentera de le charger comme un train et de le marteler de coups précis au corps et à la tête lancées en combinaison pour en venir à bout. Les boxeurs-cogneurs ont également une meilleure durabilité que le boxeur classique mais l’endurance peut lui faire davantage défaut que ce dernier.
Ex: Evander Holyfield, Lennox Lewis, Gennady Golovkin, Adonis Stevenson
Le bagarreur-cogneur
Le bagarreur-cogneur possède la puissance du cogneur et une bonne musculature, mais souvent la taille et l’allonge lui font défaut, le forçant ainsi à se rapprocher constamment de son adversaire pour combler l’écart et lui assener LE coup qui mettra fins aux émissions.
Ex: Rocky Marciano, Roberto Duran, Dave Hilton Jr.
Le « polygotte »
Le polyglotte est un boxeur hybride mariant plus de 2 styles. Mike Tyson fut l’un de ses rares boxeurs à posséder cette caractéristique, ce qui lui a valu énormément de succès au début de sa carrière. Tout d’abord, Tyson était petit pour un poids lourd, soit un «grand» 5’10’’ et demie (1.79m) bien étiré après un cours de bikram yoga. Donc, contre des adversaires mesurant en moyenne 6’2’’ (1.88m), Iron Mike n’avait guère d’autres choix que de charger sans relâche ses adversaires afin de combler l’écart (ce qu’il faisait avec une férocité à vous glacer le sang). Ensuite, Tyson était très massif et pourtant, il pouvant se déplacer à une vitesse ahurissante malgré sa musculature imposante. Enfin, en étant à la fois massif et rapide, Tyson possédait une toute une garnotte. À ses 35 premiers combats, Tyson avait une fiche parfaite de 35 victoires, aucune défaite, aucune match nul, 30 victoires par KO, dont 19 survenus dans le premier round ! AYOYE! On peut donc facilement le placer au haut de la liste des plus durs cogneurs de l’histoire de la boxe avec les Foreman et cie. Ce n’est pas terminé : durant ses belles années, Tyson pratiquait le style peek-a-boo créé par le légendaire et énigque Cus D’amato, une style à la garde très haute que j’aborderai dans un article ultérieur. Et bien malgré sa férocité sans merci qui lui a valu le surnom de «l’homme le plus redouté de la planète», vous serez peut-être surpris d’apprendre que le style peek-a-boo était d’abord et avant tout un style de boxe axé sur la contre-attaque! Et pour rajouter l’insulte à l’injure, contrairement à la norme, ce style promeut la pression vers l’avant, et non le retrait. Donc le bon Mike était un cogneur à pression qui contre-attaquait et en ayant 3 styles à lui seul, il pouvait facilement faire face à pratiquement tous les autres styles. Pas surprenant que ses adversaires trouvaient la soirée longue….ou plutôt très courte !
Ex: Mike Tyson
Le « caméléon »
Le boxeur dit « caméléon » est un boxeur qui sait changer de style tout dépendant de l’adversaire à qui il s’apprête à faire face, et/ou de l’étape où il se trouve dans sa carrière. Manny Pacquiao est sans doutes l’un des meilleurs exemples qui soit : tantôt boxeur puriste (Bradley II), tantôt bagarreur à pression (De la Hoya), en passant par le style hybride du boxeur-cogneur (Margarito/ Hatton); Pacquiao les a pratiquement tous utilisés. Dans le même ordre d’idée que le «polyglotte», cette polyvalence est certes un atout de grande envergure, car il permet au boxeur de s’adapter à tous les styles auxquels il fait face et donc d’y trouver réponse; permettant ainsi au boxeur d’avoir une carrière plus longue et plus fructueuse.
Ex: Manny Pacquiao, Auturo Gatti
Pour terminer, comme certains d’entre vous l’avez sûrement déduit, la boxe, c’est en quelque sorte le jeu de roche, papier, ciseau, allumettes. Chaque style (simple) peut en battre un autre et chaque style (simple) peut se faire battre par un autre. Il ne faut cependant pas se leurrer, certains n’arriveront jamais à voir au-delà des KOs brutaux, des coupures sanglantes, des rétines détachées et des côtes brisées; et par conséquent, ils n’arriveront jamais à apprécier les subtilités de l’art. Pour l’amateur « amateur», il sera également tout aussi incapable de déceler les subtilités de l’art et par conséquent, il trouvera ennuyeux tout combat qui ne sera ni sanglant et/ou qui ne se résultera pas par un boxeur envoyé aux soins intensifs. Mais pour les érudits et les irréductibles du sport, le pugilat est une science et un jeu d’échecs, et même si certains combats peuvent justement être trop conservateurs, ils savent apprécier les enchaînements de coups réussis, la précision, les esquives habiles et le jeu de pied à la Fred Astaire. Toutefois, j’espère qu’après la lecture de ce premier volet et les autres qui suivront, vous commencerez à voir la boxe d’un autre œil et qui sait, peut-être même apprendrez-vous à l’apprécier ou du moins, à la respecter.