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Les aiguilles et l’opium

Il y avait un moment que je n’étais pas allée au Théâtre du Nouveau Monde. Cet hiver, j’ai décidé d’offrir une pièce à ma mère qui adore le théâtre, mais n’a pas souvent l’occasion d’y aller. Quand est venu le temps de choisir la pièce en question parmi la toujours excellente programmation du TNM, il […]

Il y avait un moment que je n’étais pas allée au Théâtre du Nouveau Monde. Cet hiver, j’ai décidé d’offrir une pièce à ma mère qui adore le théâtre, mais n’a pas souvent l’occasion d’y aller. Quand est venu le temps de choisir la pièce en question parmi la toujours excellente programmation du TNM, il me suffit de voir les noms Robert Lepage, Marc Labrèche, Jean Cocteau et Miles Davis dans la même description pour être absolument convaincue… Avais-je tort? C’est ce que j’ai pu enfin découvrir environ 6 mois plus tard, le 7 juin dernier.

3 personnages, 2 acteurs et 1 décor pivotant sur les 3 faces d’un cube…
Les Aiguilles et l’opium est une relecture d’une pièce créée par Lepage et interprétée par lui-même en 1991. La pièce raconte les peines d’amour de trois hommes: « Robert », Jean Cocteau et Miles Davis. « Les Aiguilles et l’opium se veut une réflexion sur les pulsions et les contextes parfois pénibles qui poussent certains artistes à créer, dressant des parallèles entre la dépendance amoureuse et celle des opiacés. » nous explique Lepage.

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crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Ainsi s’alternent les scènes de Robert, un comédien québécois en visite à Paris pour faire la narration d’un documentaire relatant le passage du trompettiste américain Miles Davis dans la Ville lumière; les scènes muettes de Miles Davis, interprétés par Wellesley Robertson et bercées par la musique composée par le trompettiste pour le film Ascenseur pour l’échafaud, et celles de Jean Cocteau, aussi interprétées par Marc Labrèche qui prend une voix nasillarde pour nous livrer des extraits de « Lettre aux Américains ».

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crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Toute la pièce se déroule dans un immense cube ouvert qui tourbillonne dans les airs. En pivotant, le cube se métamorphose à l’aide de trappes qui s’ouvrent et se referment et de projections sur toutes ces faces nous entraînant d’une scène à l’autre dans une chambre d’hôtel, un studio d’enregistrement, une boîte de musique jazz ou encore le ciel étoilé. Le résultat est tout simplement époustouflant! Une mise en scène calculée et intelligente.

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crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Fidèle à lui même, Marc Labrèche réussit à toucher le public, tantôt avec des scènes d’émotions dans lesquelles sa voix s’étouffe pour montrer la douleur vive de la peine d’amour de « Robert », suivies de scènes humoristiques aux dialogues intelligents qui font à la fois réfléchir et sourire. Il livre également avec brio les extraits de « Lettre aux Américains » dans des prestations parfois acrobatiques dans lesquelles il est suspendu et pirouette dans les airs.

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crédit photo: Nicola-Frank Vachon

Il faut souligner également la prestation muette du danseur et acrobate Wellesley Robertson III, dans le rôle de Miles Davis. Le cube étant son terrain de jeu, il joue en gardant constamment son équilibre, se déplaçant du plancher au mur ou se laissant glisser dans la pente créée par cube. Son jeu très physique nous fait également passer par toute une gammes d’émotion: je pense entre autre à la scène du « pawn shop» dans laquelle il cède à contre coeur sa trompette contre de l’argent qui lui permettra de  se procurer de la drogue.

Je crois que ma scène préférée est celle pleine de pointes d’humour qui a lieu au studio d’enregistrement, qui met en relief les différences culturelles entre les québécois et les français. Je retiens également le texte intelligent de la scène où Robert explique à un hypnotiseur pourquoi l’histoire du peuple québécois est une comédie de boulevard qui se résume en moins de cinq actes en insistant sur des faits historiques des années qui finissent par un zéro.

La conclusion du spectacle: le personnage de Robert se demande comment faire pour sublimer la douleur quand on n’a pas le génie de Miles Davis ou de Jean Cocteau.

coverEn bref: impressionnant au niveau de la technique, touchant et brillant. 1h40 qui passe vraiment rapidement!

Les dates de présentation sont malheureusement terminées pour cette année, mais suite à son succès, la pièce revient au TNM en juin 2015. Vous pouvez réserver vos billets dès maintenant ici.

 

Marie-Janelle

MJ

 

Twitter: @Marie_Janelle

Instagram: @maryjane1407

 

 

 


Marie-Janelle est la fondatrice et rédactrice en chef de Blog and The City. Foodie, wino et fashionista à ses heures, girly souvent, elle est la geek branchée qui gagne à être connue. Elle a étudié le cinéma, la photographie ainsi que les communications profil médias interactifs et…

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