5 mythes à propos du chemin de Compostelle en Espagne
Depuis quelques années, je pense à partir. Pas seulement une ou deux semaines, mais bien, décrocher et partir pour un bon moment. Bien sûr, les occasions ne se présentent jamais à moins de les créer soit même. N’étant pas près de la retraite, la seule solution disponible était de quitter mon emploi et go!
L’Asie du Sud était une première idée, mais ayant la chance de vivre avec une copine qui aime autant que moi voyager, que les voyages avec cette personne sont toujours à la hauteur et que l’Asie semble l’intéressée, je trouvais plutôt audacieux de partir là-bas sans elle. Parce que, vous l’aurez compris, je partais seul. J’adore l’Espagne, la langue, la culture, l’art et l’histoire donc le choix s’est fait de lui-même et aussi parce que j’y pensais depuis quelques années : Faire le chemin de Compostelle.
Dans ce premier texte sur mon voyage de 33 jours de marche (parce que vous comprendrez que j’en ai long à raconter), j’ai eu envie de casser les mythes qui entourent le ‘chemin’.
1- Ben voyons! Tu n’es même pas pratiquant!
Même si dans l’histoire, le ‘camino’ (chemin en espagnol) était pratiqué par des pèlerins venu de partout (surtout de France) afin de se recueillir sur la dépouille de l’apôtre Jacques qui avait été placé dans la cathédrale de Santiago, aujourd’hui, le chemin peut prendre un autre sens. Bien sûr, il reste essentiellement catholique avec ses messes de pèlerins dans plusieurs villages, ses auberges monastiques et ses nombreux signes religieux tout le long du chemin, mais il est bien plus que cela. Le chemin de Compostelle peut très bien être vu comme un voyage intérieur, mais aussi, et surtout, extérieur. Les paysages sont à couper le souffle, les dépassements physiques, mais aussi psychologiques sont omniprésents et les rencontres fabuleuses. Pour ma part, je suis catholique de naissance, mais ne suis plus aucunement pratiquant (j’ai même déjà envisagé l’apostasie!), pourtant, je ne partais pas sur le chemin dans cet optique. Par contre, l’histoire religieuse de ce parcours est très importante. Et si vous êtes comme moi, les églises restent tout de même un héritage architectural très important et intéressant.
2- Tu as besoin de faire une recherche spirituelle?
Souvent en premier lieu, on fait référence aux livres de Paolo Coelho (qui a lui-même déposé ses mots dans un livre à la suite de son chemin). Je ne crois pas qu’il est nécessaire de partir avec cette optique, mais sachez qu’inévitablement, vous vous poserez des questions. Imaginez marcher pendant 30 kilomètres à une chaleur aux limites de l’insupportable avec des gourdes vides parce que vous n’avez pas bien planifié votre départ ce matin-là? Tu passes par toutes sortes d’émotions et de réflexions. Je vous jure que la recherche se fait d’elle-même sans le vouloir. Je parle par expérience. Il est arrivé très souvent que je me retrouve seul sur le chemin (par choix) avec personne devant ni derrière et que je décide de parler à voix haute. Bon c’est certain que j’avais l’air fou mais bon. lors de mes discussions avec moi-même, il est devenu évident que je me mettes à penser à ma vie et vouloir tout remettre en question. Pour ma part, c’était cette quête de ‘spiritualité’ que j’avais besoin.
3- Y’a que les retraités qui marche sur ce chemin.
Bon soyons honnête, il y en a beaucoup c’est vrai. Mais je fus très étonné de croiser beaucoup de monde plus jeune. J’ai marché avec un Français de 82 ans, un allemand de 22 ans, Une Australienne de 54 ans, Une Québécoise de 55 ans et j’en passe. Forcément, il est plus facile d’avoir du temps lorsque nous sommes à la retraite et pour beaucoup, le chemin est un rêve qui traine depuis longtemps. Mais, la variété de monde et de catégorie d’âge est une des choses qui m’ont le plus surpris. De plus, imaginez les conversations incroyables et les silences que l’on peut partager avec un homme de 82 ans! Ne serait-ce que physiquement, il implore le respect. Ces rencontres deviennent d’ailleurs importante sans que l’on ne s’en aperçoives. Par moment triste, croiser une bande de joyeux français et rire aux larmes avec eux, fait un bien fou.
4- C’est physiquement trop difficile.
Encore une fois, soyons honnêtes. Oui, mais pas impossible. J’ai beaucoup lu avant de partir, question de bien me préparer. Plusieurs parlaient d’entrainement, de randonnées. Ceux qui me connaissent savent très bien que pour moi l’exercice physique reste à sauter de toit en toit, dans mes jeux vidéo! J’ai horreur de m’entrainer. À la limite, il faut joindre l’utile à l’agréable. Donc vous l’aurez compris, malgré mes bonnes intentions, je ne me suis pas du tout entrainé. Même mon sac à dos (qui fera le sujet d’un autre billet), je ne l’ai porté sur mon dos que 10 minutes en tout avant de partir. Alors si moi je l’ai fait, tout le monde le peut aussi. Mais attention, je n’ai pas dit que ça se fait les deux doigts dans le nez. J’ai eu mal, eu peur et souvent douter de mes capacités, mais le ‘mental toughness’, comme disait l’autre, est surprenant. Pour vous donner une idée du défi physique, en partant de Saint-Jean-Pied-De-Port en France (qui est le village de départ du Camino Frances) cette étape de 27km présente un dénivelé de 1300m avec de la neige au sommet. D’ailleurs je m’y suis perdu dans une tempête de grêle! Je vous jure que j’implorais ma mère.
5- Où vas-tu dormir?
Le chemin est très bien balisé (à part peut-être au sommet des Pyrénées) et tout le long de nombreuses auberges offre le gîte. Beaucoup de gens préfèrent réserver, mais pour ma part, je voulais une liberté totale. Je ne voulais pas avoir à me précipiter dans le village de peur que ma réservation soit annulée. Le fait de ne pas réserver, permet également de pouvoir arrêter quand bon vous semble. Vous avez prévu marcher pendant 30km aujourd’hui, mais après 19 vous êtes à bout? Arrêtez! Les albergues, comme on les appelle là-bas, sont des établissements un peu comme des auberges de jeunesse ou tout le monde dorment en dortoir avec ses bons et ses moins bons côtés. Le tarif varie de 5 à 8 euros ce qui équivaut à 7 à 11 dollars canadien, ridicule. La qualité, la propreté et la disponibilité n’ont jamais posé problème. Il faut dire que je suis parti en avril, donc vraiment en début de saison qui est tranquille.
En prime, on brise un sixième mythe
6- Est-ce que le chemin te parle?
Pour ceux qui ont eu le plaisir de voir le film, ‘Les doigts croches’ de Ken Scott vont savoir de quoi on parle. Oui le chemin nous parle, si on sait l’écouter. Je dois même avouer que quelquefois, j’aurais aimé qu’il me parle plus souvent, mais ça, c’est une autre histoire.
Vous avez des questions? Des commentaires? Sachez que j’aimerais beaucoup vous lire.