Claude Poirier… laissez-le donc tranquille

Il y a quelques mois, 6 environ, peut-être plus? Je sais plus. Bref, il n’y a pas si longtemps de ça j’étais assise en classe, 2e rangée à partir du tableau, chaise sur le bord de l’allée (toujours la même!) et je prenais des notes. Sur le mur devant moi, il y avait un PowerPoint de projeté sur fond blanc. Un peu d’animation entre les transitions, pas trop d’informations, des belles couleurs… quelque chose de fancy t’sais.

J’étais dans un cours d’écriture journalistique. Je me sentais bien. À ma place.
Sur la diapo en avant, ça disait quelque chose du genre : le journaliste doit servir l’intérêt public. Dans mes souvenirs, on a eu une discussion sur ce qui est d’intérêt public. Ce qui se fait, ce qui se fait pas pi toute ça.

En gros, on parlait du fait que la job des journalistes, c’était d’aller recueillir l’information utile à la société et lui présenter de façon efficace, tout en rajoutant un petit titre accroche l’œil si possible. Pas pire simple. Mais y’en a quand même qui trouve le moyen de s’enfarger les pieds dans les pots de fleurs comme ils disent.

Vous me voyez venir ein?

Joël Legendre. (Belle façon de me gâcher Aladin by the way)
Depuis ce cours-là, je m’étais jamais arrêtée à me questionner vraiment sur ce qui passait dans les médias. Sur la pertinence des nouvelles pour l’intérêt public. Même que pour la nouvelle sur Joël, ça m’a pas surprise que l’histoire “sorte”. C’est un fait divers et le monde préfère clairement être diverti plutôt qu’être informé. Suffit de voir que l’article insolite sur une loutre qui mange un alligator s’attire plus de vues que celui sur la fusillade au Kenya. Malheureusement, même nos journaux les plus respectés sont coincés entre ce désir de suivre leur mission d’informer et celui de vendre pour survivre. Je me suis aussi dit que c’est décevant que la nouvelle sur ce cher Joël soit sortie dans un journal. Un média d’information. Pas un 7 jours.

La surprise, la vraie, c’était les réactions. Le monde trouvait ça triste pour Joël. J’ai vu beaucoup de gens sur les réseaux sociaux dire qu’il avait fait une erreur, que c’était un accident et qu’il faisait donc pitié.

Un gros WOW.

Un accident, c’est quand tu marches sur ton chat en allant aux toilettes la nuit. Son pénis ne lui est pas tombé dans les mains par “accident” dans un parc. La nouvelle n’était pas d’intérêt public parce que Joël n’est pas un pédophile dangereux pour la société, mais si la nouvelle avait simplement été : Un homme se masturbe dans un parc, là on aurait crié au scandale, au démon, à la fin du monde comme on le connait.

Mais c’est juste le gars de la radio guys, c’est chill!

Tous les jours, il y a des nouvelles qui exposent des gens et font atteinte à leur réputation sans que ce soit d’intérêt public. Mais quand c’est quelqu’un qu’on aime, la c’est pas correct. Là c’est pas gentil.

Et j’étais bien convaincue que si on pouvait salir des no names pour vendre dans les médias, bin tant pi pour les personnalités publiques!

Jusqu’au jour où…

J’ai appris que Claude Poirrier faisait “une descente aux enfers” selon La Presse. L’article racontait tout ce qui se passait ces derniers mois dans la vie de Claude. On pouvait lire les détails du jour où le pauvre homme s’est fait saisir sa maison et ses biens, ces finances, son salaire et sa nouvelle situation de vie dans un motel miteux de la Rive-Sud. J’étais en beau tabarn…

Que voulez-vous, je l’aime Claude.

Je sais pas. Y’a un je-ne-sais-quoi ce monsieur-là. Je le respecte beaucoup, j’ai dévoré son livre, mais c’est pas juste ça. J’aime l’homme derrière la carrière. Il est attachant Claude, avec son je-m’en-foutisme, sa personnalité un peu bourrue et son petit collet de chemise à carreaux qui sort de son chandail. Ça m’a vraiment déçue — ah pi disons-le, ça m’a fait CHIER – de voir sa vie étalée partout.

Je l’avoue, si ça avait été monsieur tout le monde qui ne payait pas ses dettes, ses impôts, Revenus Québec et qui ne se présentait pas au tribunal en plus de se magasiner une nouvelle maison a 430 000$, bin je me serais dit que c’est un méchant tata et qu’il court après la marde. Mais là, c’est Claude. Alors je trouve ça triste et plate pour lui puis je voudrais ouvrir la 10-4 fondation où on porterait tout un chandail avec le slogan “Sauvons ClauClau”.

On est niaiseux un peu ein?

Parce que quand c’est un politicien qu’on aime pas trop qui est exposé dans les médias parce qu’il a fumé un joint y’a 15 ans de ça, on est content et on le juge, mais quand c’est quelqu’un qu’on aime bin on défend son droit à la vie privée comme c’est pas possible.
Elle est ou la ligne? C’est quoi la limite? Est-ce que ça dépend du nombre de “Like” sur son fan page?

Au fond, tout ce que je voulais dire c’est : touche pas à Claude!


Laurence. Comment la décrire?

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