Votre colère vous veut du bien!

Elle est une tornade émotionnelle, tantôt brûlante, tantôt froide, explosive pour les uns, intérieure pour les autres. Elle est terrifiante, surprenante, envahissante, parfois douloureuse, souvent incomprise. Et elle fait partie de nous! C’est une des émotions principales vécues par l’être humain, aussi légitime que la peur, la joie et la tristesse, et la moins aimée. Comment apprivoiser sa colère et surtout apprendre à l’exprimer de manière responsable pour qu’elle devienne un outil d’affirmation de soi?

Une intensité qui fait peur

Je ne sais pas comment se manifeste la colère, pour vous. Vous êtes les mieux placés pour l’identifier. Dans mon cas, c’est comme si je me consumais de l’intérieur pour ensuite exploser : je me transforme en lance-flammes qui ne pense qu’à brûler mon environnement et les personnes qui se trouvent en face de moi! Intense, non? Je veux faire mal parce que j’ai mal. Et je peux vous dire que j’ai essayé plus d’une fois de cesser de me sentir comme ça, mais sans aucun succès. Quand le bouton « colère » est activé, pas moyen de faire un « Ctl Z » ou de « deleter » l’information. Il faut faire avec les flammes!

C’est ce qui fait peur avec la colère, elle est intense, difficilement maîtrisable si nous ne sommes pas outillés, est souvent assimilée à la violence, l’agressivité et est la plupart du temps dirigée contre l’extérieur. Observez ce qui se passe quand vous êtes énervés. Le réflexe est d’en vouloir à la terre entière, de rejeter la faute sur un coupable, pour rendre l’intensité de l’émotion légitime. « C’est de sa faute, j’ai le droit d’être en colère ». C’est là toute notre erreur, dès le départ. Ce n’est pas parce que c’est la faute d’un tiers qu’on a le droit d’être en colère! On a le droit d’être en colère parce que c’est une émotion qui fait partie de nous, êtres humains. Point.
Et puisqu’elle fait partie de nous, nous portons la responsabilité de l’assumer et d’en prendre soin. Comme toute émotion, elle porte la double fonction de préparer à l’action et de communiquer avec notre environnement.

Un besoin qui n’est pas sastisfait

Si la joie est réveillée par un bonheur immense, la peur déclenchée par un danger réel ou imaginaire, la tristesse ravivée par une peine profonde, la colère, elle, est souvent amorcée parce qu’un besoin profond n’est pas satisfait.
Pour exemples :
« On » a fouiné dans nos affaires.
C’est un envahissement de notre espace physique, NOS affaires, qui déclenche la colère. Le besoin sous-jacent est celui d’être respecté dans notre territoire.
Notre conjoint arrive en retard… encore!.
Cela peut être considéré comme un manque de respect d’engagement. Le besoin qui se dissimule est souvent celui d’être sécurisé dans la relation : « j’ai besoin d’être rassuré que tout va bien ou que tu ne m’as pas oublié », « j’ai besoin d’être important pour toi ».
Notre chef n’écoute pas notre avis.
Évidemment le besoin d’être entendu semble non satisfait, mais cela peut aussi aller jusqu’au besoin de reconnaissance de notre valeur en tant qu’employé qui n’est pas assouvi.
Nous devenons le coupable de quelqu’un qui est en colère et ça nous met dans une rage folle!
Cela vient chercher le sentiment d’injustice, surtout si nous ne sommes pas concernés par la situation qui déclenche les foudres. Plusieurs besoins peuvent être maltraités ici : celui d’être respecté, d’être entendu dans notre réalité, d’être différencié du vécu de l’autre.

Identifier

Reconnaître que nous sommes en colère, au moment où ça se passe. Admettre que le lance-flammes est activé, que nous adoptons l’attitude du chat prêt à attaquer, les poils hérissés, les griffes acérées. C’est notre signal d’alarme : attention réaction intense en cours!
Qu’est-ce qui m’arrive?

Se protéger soi… et l’autre!

Le risque dans la phase du signal d’alarme est d’exploser à la face de notre entourage et tout le monde risque d’en prendre pour son grade gratuitement. L’intensité de la colère peut donner envie de faire mal à l’autre. Et il n’y a rien de pire que de dire : »TU n’es vraiment pas correct, c’est de TA faute ». Ça nous soulagera peut-être provisoirement, mais n’arrangera en rien la situation! Au contraire…
Parler au JE est essentiel pour prendre la responsabilité de son vécu. Le TU (qui tue!) rejette la faute sur l’autre et enferme dans la défensive, ce qui coupe la relation.
A ce moment-là, exprimer tout simplement : « JE suis très en colère » peut poser les choses, asseoir notre vécu tout en en prenant la responsabilité. L’autre sait ce qui se passe pour nous sans être blessé.
Idéalement après cela, pourquoi ne pas quitter momentanément la relation : aller s’aérer, écrire, prendre un temps pour soi pour prendre pleinement conscience de ce qui est réveillé, ventiler avec une personne de confiance en laissant aller la colère pour avoir accès au besoin qui est mutilé.
Comment je vis ma colère?

Trouver le message réel

Qu’est-ce qui se cache sous l’intensité? Quel est le message que notre psychisme veut nous envoyer, le besoin qui n’est pas satisfait? La plupart du temps, cela amène une sensibilité à soi, à ce qu’on vit. Et cela adoucit la réaction. Cette étape est essentielle car le lance-flammes s’éteint peu à peu et fait place à un espace plus vulnérable, la zone qui est blessée et que la colère cherchait à défendre bec et ongles.
Pourquoi j’ai réagi si vivement?

Communiquer

Idéalement, après avoir quitté momentanément la relation pour saisir les enjeux de notre colère, il est important de revenir vers l’autre, pour lui faire comprendre ce qui nous a blessés.
Comme j’ai pu l’illustrer dans une chronique précédente, notre interlocuteur ne sait pas forcément ce qui se passe pour nous, même s’il nous connait très bien. Une phase d’explication de notre point de vue peut s’avérer nécessaire. La colère a été un point de départ pour défendre notre territoire (physique et/ou psychique) : à nous de voir comment nous pouvons retrouver notre liberté dans la relation et faire en sorte que le climat redevienne harmonieux. Avant tout pour nous, puis avec autrui, particulièrement si c’est une relation qui nous tient à cœur. Est-ce que j’ai vraiment envie de blesser l’autre ou est-ce que j’ai besoin qu’il sache que j’ai mal et que je veux améliorer notre relation?
Quel est le message que je veux réellement transmettre à l’autre?

Le « muscle de la colère »

Autant de situations et de vécus différents qui peuvent nous amener à nous mettre en colère ou à la refouler. L’important est de travailler sur le « muscle de la colère » : nous pratiquer à identifier ce qui nous fait réagir ou pas, nous observer, reconnaître les signes physiques, nous exercer avec notre entourage proche et muscler notre capacité à prendre la responsabilité de notre colère.
Pourquoi? Tout simplement, parce que plus nous passons de temps à blâmer le reste du monde, plus nous perdons d’énergie sur des éléments que nous ne maîtrisons pas et plus nous nous plaçons en position de victime des événements, des gens, de la vie.

Travailler sa colère, apprendre à l’apprivoiser, c’est choisir de s’assumer dans sa différence et d’utiliser tout un réservoir d’énergie pour s’affirmer, pour garder le pouvoir sur sa vie et l’investir dans des projets qui nous épanouissent.
« Comme un torrent de montagne, la colère peut tout détruire sur son passage ou, lorsqu’elle est canalisée et contrôlée, elle produit de l’électricité pour toute une vallée », Rosette Poletti.

Une chose est sûre, cela arrive à tout le monde de péter une coche, de perdre le contrôle et de dire des choses qui dépassent notre pensée. Et pour cela, il existe un outil extraordinaire : se récupérer, revenir sur ses pas et exprimer ce qui s’est réellement passé.
Ce qui est magique, c’est que plus nous nous pratiquons à reconnaître notre colère, plus il devient facile de l’exprimer et moins elle devient blessante…

Et vous, comment vivez-vous votre colère?


Quelques lectures utiles

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